Identité
Nom : Mälaren
Prénom : Aelis
Surnom : Lisha
Âge : 22 ans
Date de naissance : Quinzième jour de Winadess, an 1812
Race : Humaine
Rang : Danseuse
Physique
Description :
En fait de danseuse, Aelis serait plutôt une gymnaste, et son corps est bâti en conséquence. Un petit mètre soixante pour moins de cinquante kilos, l'entraînement qu'elle s'impose a fait disparaître toute trace de graisse superflue - ce qui exclut totalement qu'elle puisse avoir un jour des formes opulentes - et lui a valu des muscles d'acier en même temps qu'une grande souplesse. Personne ne la dirait jolie, ou même attirante, et elle en a pris son parti : elle gardera aussi longtemps que son organisme le supportera l'allure d'une jeune fille tout juste pubère.
Cette apparence jeune, presque enfantine, est encore accentuée par son visage. A part les rides du sourire - et ce sont bien les seules qu'elle mérite - les traits de Lisha ne sont pas marqués, et sa peau blanche, rougissant facilement, lui donne un air totalement adolescent, que confirme la tignasse rousse qu'elle n'a jamais pris la peine de maîtriser, et qu'elle a préféré laisser courte et bouclée. Seules ses tenues "de scène" - très réduites - l'empêchent de paraître androgyne. Elle a pourtant un visage délicat et régulier, dans lequel s'encadrent de grands yeux à la couleur mal définie - certains les disent verts, d'autres bruns, et d'autres les voient presque couleur d'or.
En dehors de son "travail", dans lequel elle porte des tenues extravagantes et très dénudantes - on est danseuse ou on ne l'est pas - elle s'habille de vêtements pratiques, la plupart du temps masculins - chemise blanche, pantalon gris et bottes - ce qui l'oblige à se changer rapidement avant chacune de ses exhibitions. Elle porte très peu de bijoux, à l'exception d'un jade monté sur un simple anneau d'or blanc qui ne quitte jamais son médius gauche : non seulement cette bague a une valeur sentimentale pour elle, mais ça rend ses gifles beaucoup plus cuisantes.
Non, décidément, Aelis n'est pas jolie. Mais quand elle danse ou qu'elle sourit, c'est presque comme si elle était belle.
Psychologique
Description :
Au premier abord, Lisha ressemble à un curieux mélange entre ces filles qui se promènent sans honte aucune avec des plumes dans le postérieur et ces gamins infernaux qu'on a coutume d'appeler affectueusement "petites pestes". Elle n'a en effet pas la moindre once de sérieux, souffre - enfin, souvent, les autres en souffrent beaucoup plus qu'elle - d'un manque de pudeur flagrant, aime par-dessus tout faire des blagues idiotes, trouve absolument jouissif de tourner en ridicule les gens qu'elle estime "pas marrants" - parce que, les pauvres, s'ils le sont pas d'eux-mêmes, faut les rendre drôles, pas vrai? -, a pour hobby de changer d'amant pratiquement tous les soirs, et a une sainte horreur des habitudes et des règles en général.
Si elle ne clame pas à tous vents "Ni Dieu ni maître", c'est parce que nous ne sommes pas dans le bon monde pour ça, qu'elle risquerait de se faire écharper par les chevaliers de la déesse autant que par les adorateurs de la croix - elle n'est tout de même pas masochiste, à part, éventuellement, dans un lit avec un fouet, des menottes et un bel éphèbe -, et que, par-dessus tout, c'est un principe. Et Aelis déteste les principes.
Ce que la plupart des gens ne comprennent pas, c'est que son attitude qui conquiert ou horripile est un choix réfléchi. Parce que oui, contre toute attente, Lisha est capable de réfléchir. Elle n'est ni aussi bête, ni aussi superficielle qu'on pourrait le croire. Elle est capable d'un humour plus raffiné que les blagues paillardes qu'elle affectionne. Seulement, elle trouve qu'être adulte et responsable n'est pas drôle. Choix cynique. Désabusé. Manque de confiance en l'avenir? Peut-être.
N'avoir pas changé de mentalité depuis ses quinze ans ne l'empêche pas d'avoir des qualités. Elle est optimiste, toujours de bonne humeur, elle ne manque pas d'intelligence quand il s'agit de se sortir des problèmes - du moment que ceux-ci ne sont pas plus loin que le bout de son nez, parce qu'elle ne regardera jamais au-delà - et malgré tout ce qu'on pourra dire, c'est quelqu'un de digne de confiance.
Même si les victimes des seaux d'eau qu'elle s'amuse à poser en équilibre sur les portes vous affirmeront le contraire...
Son souhait le plus cher : Si elle prenait le temps de se poser la question, ça serait sûrement d'avoir un harem de beaux éphèbes qu'elle emporterait partout avec elle...
Histoire
-...complètement idiot! Totalement irresponsable! Et tu te crois maligne? Evaleen, tu te crois intelligente, dis?
Petite et maigre derrière son ventre rond, une cascade de cheveux roux qui lui tombe jusqu'au creux des reins, un visage maigre constellé de taches de rousseur, Evaleen Mälaren n'est pas belle. Mais le sourire désarmant parce qu'inflexible qui se peint sur ses lèvres a le don d'horripiler la femme blonde, presque aussi mince qu'elle, qui lui fait face, ses yeux verts si semblables aux siens brillants d'une colère qui, elle le sait, s'estompera bientôt.
- Non, petite soeur, je me crois pas intelligente. Mais ce qui est fait est fait, non?
Lapalissade énoncée d'une voix si calme que Sorcha - connue sous le fier pseudonyme de "petite soeur" - a la très nette impression que Leen - Leen, sa soeur chérie, celle qui monte avec elle un spectacle de danse qui a plutôt du succès - se fiche d'elle d'une manière éhontée. Mais ça doit être un effet conjugué de sa paranoïa de cadette toujours en retard et des hormones de la grossesse - il paraît que ces trucs-là vous rendent trop calme pour votre propre bien.
- Et puis, après tout, il ne s'agit que de quatre mois...
- Retire ça.
- Bon, je retire le "que". Mais le plus gros est déjà passé. Franchement, Chaya, tu crois que je viendrais te dire ça si je pouvais faire autrement?
- En sachant que je ne peux pas te mettre mon poing dans la figure parce que tu es enceinte, oui.
Evaleen baisse les yeux. Elle a trente-deux ans. Elle sait jouer de pas mal d'instruments, chanter passablement, danser excellemment, si elle jongle aussi bien qu'un dindon ça fait toujours rire le public. On la trouve donc particulièrement charmante, ce que lui a encore confirmé il y a cinq mois un beau brun rencontré sur le port de Parsias. Alors peut-être qu'il est temps qu'elle songe à transmettre tout ça à quelqu'un?
- Leen?
Relever les yeux. Vert contre vert. Bien qu'encore un peu agacées, les prunelles de Sorcha sourient.
- Si je suis plus en colère, je pourrai apprendre à ton gamin comment te rendre complètement dingue?
Soupir de soulagement. C'est gagné.
- Vendu, petite soeur.
- Lisha! Lisha, viens là tout de suite!
Frimousse ronde et joues rouges, Aelis est une pomme avec deux yeux que Maman - mais tout le monde l'appelle Leen, allez comprendre pourquoi - dit verts. Mais tante Sorcha se dispute souvent avec Maman là-dessus, parce que tante Sorcha dit qu'Aelis a les yeux bruns, bruns, bruns, et pour l'amour de la Déesse, Leen, cette enfant a déjà ta tignasse, ne lui rajoute pas tes mirettes en plus, et là Maman répond que ses mirettes, c'est aussi les tiennes Chaya, alors ne critique pas, et puis alors Maman et Tante Sorcha font semblant de se mettre en colère, et même qu'Aelis, ça la fait bien rire, parce que ça finit toujours par une grande bataille de chatouilles, et que c'est pas donné à tout le monde d'avoir une Maman et une tante Sorcha qui s'entendent aussi bien, et que même il paraît que c'est grâce à un monsieur qui est son papa et qui n'est pas là, parce que si son papa il avait été là ou que Lisha n'avait pas été là, eh bien tante Sorcha dit toujours que Leen et elle ne se seraient pas "côtoyéplulonten". Aelis ne comprend pas encore bien cette partie-là. C'est des trucs d'adultes, il paraît.
- Lisha, montre-moi tes étirements.
Aelis adore les étirements. C'est bien. Elle a six ans et elle est plus souple et plus forte que toutes les petites filles de son âge. Elle le sait. Les copines qu'elle se fait au hasard des voyages de Maman et tante Sorcha ont toutes essayé de faire les mêmes choses qu'elle, mais elles n'arrivent même plus à faire le grand écart. Aelis, elle, le peut. Et elle sait aussi se tenir sur les mains, sur les pointes de pieds, sauter plus haut que les autres enfants. Mais, comme dit Maman, "la clef, c'est la souplesse". Alors les étirements, ça reste quand même le plus amusant.
Une fois qu'elle a fini, Maman la "fait licite". Il paraît que ça veut dire qu'on lui dit bravo. Aelis pense que sa Maman a bien raison de la "faire licite". C'est vrai quoi! Maman dit même que dans quelques années, sa fille sera plus forte qu'elle et qu'alors elle lui donnera la bague de jade qu'elle porte toujours au doigt. Mais ça, ce n'est pas vrai. Personne n'est plus fort que Maman. Même si Lisha aimerait bien avoir la bague de jade.
- Aelis!
Aïe. Tante Sorcha arrive. Elle a l'air très mouillée et pas très contente. Aelis se dit furtivement que c'est bizarre, parce que ses cheveux, d'habitude blonds, sont presque châtains, maintenant.
- Je peux savoir ce qu'un seau rempli d'eau glacée fichait sur la porte de ma roulotte?
Rentrer soigneusement la couverture dans les quatre coins, terminer le pliage... Paaaarfait. Le lit-portefeuille de tante Sorcha est prêt à l'emploi. L'effet risque d'être plutôt percutant, mais Aelis s'arrangera pour éviter que Chaya ne la percute trop fort. Elle est habituée. Quinze ans de vie et de farces stupides - enfin, ça c'est Evaleen et Sorcha qui le disent - lui ont appris à amadouer ce qui lui sert d'autorité parentale.
Lisha déplie sa silhouette maigre et se retourne. Dans le miroir moucheté de rouille fixé sur la porte de la roulotte, une fille aux cheveux roux et bouclés, coupés court, lui offre un regard brun-vert. "Oeil de faune" a l'habitude de plaisanter Evaleen - pourtant Aelis est née sous le signe du Griffon. Elle pose la main sur le poignard accroché à sa cuisse - cadeau de Sorcha pour son premier spectacle et son premier bain de foule, on ne sait jamais ce qui peut arriver - se détaille encore, grimace à la vue de sa poitrine restée presque plate, incline la tête, se sourit, satisfaite dans l'ensemble de son apparence.
La porte s'ouvre et le visage maigre de sa mère se glisse dans l'embrasure, suivi par sa main qui lui fait signe de venir. Leen a toujours les mêmes yeux verts brillants, mais sa peau se ride, ses traits se creusent depuis quelque temps, et ses cheveux roux commencent à grisonner. Fatalité de l'âge. Pourtant, à quarante-sept ans, elle n'est pas si vieille. Mais la danse, les voyages et les entraînements l'ont usée. Trop vite.
Aelis a peur. Un peu. Mais ce n'est pas le moment. Alors, d'un seul saut de grenouille, elle va rejoindre sa mère, et, sur l'herbe, la suit dans ses mouvements. Essayant de ne pas remarquer que, effectivement, l'élève a dépassé le maître.
Le corps s'envole dans l'espace comme au ralenti. Muscles qui se tendent. La colonne vertébrale s'enroule puis se déploie. Sec. Cambrée jusqu'à la limite de la douleur, Aelis tourne. Cercle parfait. Les pieds touchent le sol dans un bruit sourd - d'abord le droit, puis le gauche. Lisha arrondit son bras, se dresse sur la pointe d'un pied, le dos bien droit, saute à nouveau. Dans sa tête, les secondes qu'elle compte lui servent de pulsation.
Evaleen est morte il y a deux mois. Alors Aelis est partie. Sorcha est trop vieille pour la suivre. Ses tendons n'ont plus assez de souplesse, ses muscles plus assez de force, son coeur plus assez de courage. Elle a elle-même demandé à sa nièce de partir, de la laisser. Elle se débrouillera. Aelis Mälaren a voulu la croire. Parce que c'est meilleur pour son moral, pour son sourire, pour sa vie, pour sa jeunesse et sa force qui, comme une sève, coulent dans ses veines. Elle a pris la bague de jade que sa mère portait toujours et elle a filé droit devant elle.
Elle se courbe, gracieuse comme un arbre, attrape le tambour de basque qui gisait sur le sol, marque le temps. Une fois. Deux fois. Tourne encore.
Depuis, Aelis va de ville en ville, à la force de ses jambes de gymnaste. Parfois, elle s'arrête dans une plaine et elle s'entraîne. Comme maintenant. Elle a dix-huit ans. Elle est belle parce qu'elle est jeune. Elle est drôle. Les gens l'aiment. Elle a déjà eu trois hommes en deux mois. Et ça lui plaît bien. Elle gagne de l'argent - peu - et du bonheur - beaucoup. Alors ça lui suffit.
Une fois. Deux fois. Tourne encore.
Un peu plus
Arme: un poignard à manche de corne qu'elle garde accroché à sa cuisse, présent de sa tante.
Autre: Elle porte en permanence un jade vert monté sur un anneau d'or blanc, qu'elle tient de sa mère.